La Geste de Geoffroy de Montbray - Chronique dramatique de Normandie


 


Ce spectacle, d’une durée de trois heures, fut donné les 28, 29 et 30 mai 1950 sur le parvis de la cathédrale de Coutances à l’occasion du neuvième centenaire de la nomination de Geoffroy de Montbray au siège épiscopal. Il attira 15.000 spectateurs en trois jours. Le texte de ce « mystère », comme on le décrivit à l’époque, fut écrit par Paul Blanchart (1897-1965).

Le contexte local de ce spectacle était celui d’une ville anéantie par les bombardements américains de 1944 et qui peinait à se rebâtir. En 1950, six années s'étaient écoulées depuis sa libération mais Coutances était encore un immense chantier où tout restait à faire. Le parallèle avec l’état de ruine de la cité en l’an 1050 et les efforts avec lesquels son évêque la rebâtit a semblé opportun aux organisateurs du spectacle en ce qu’il assurait une identification forte du public à l’histoire du héros du spectacle, de sa cathédrale et de sa ville alors en pleine refondation. Ils ne s’y sont pas trompés puisque le succès obtenu dépassa leurs espérances.

Le contexte de la Geste était aussi celui d’un cycle de spectacles commémorant les étapes de l’implantation normande au moyen-âge : en 1911, on célébra à Rouen le millénaire du traité de Saint-Clair-sur-Epte et de la cession du comté de Rouen à Rollon par le roi Charles le Simple; en 1924, on commémora celui de la cession du Bessin aux Normands; et en 1933, on fêta à Coutances celui de la cession du Cotentin à Guillaume Longue-Epée.

Le désir de rééditer l’exploit de 1933, qui avait attiré 200.000 visiteurs sur cinq jours (du 3 au 7 juin), était grand pour les organisateurs de la Geste. L’Union des Commerçants de Coutances finançait un projet qu’elle imaginait prometteur en termes de retour sur investissement (2.160.000 francs) avec la vente de 9.000 places pour trois jours de représentation.

L’auteur, Paul Blanchart, était le président de la fédération nationale des C.R.A.D. (Centre Régionaux d’Art Dramatique) dont un centre venait d’être implanté à Caen en 1048. Critique, historien du théâtre, conférencier et essayiste, il était également auteur dramatique d’œuvres originales et d’adaptations pour la radio et la scène.

La réalisation revint à Jo Tréhard (1922-1972), comédien, metteur en scène et directeur de théâtre qui, à l’âge de 28 ans, signait là sa première mise en scène professionnelle.

Les costumes, inspirés de la Tapisserie de Bayeux, et le grand podium (10 mètres sur 40) furent conçus par Bernard Girault, de l’école des Beaux-Arts de Rouen. On fit appel aux lycées professionnels de la ville pour la réalisation des costumes et aux services de la ville pour celle du podium.

L’affiche du spectacle (cf. ci-dessus), diffusée à  2.000 exemplaires, fut réalisée par Louis Arretche (1905-1991), l’architecte responsable de la reconstruction de Coutances et de Saint-Malo.

Outre un groupe de 350 figurants, plusieurs acteurs professionnels furent engagés : Jean Valcourt, sociétaire de la Comédie Française, assura le rôle titre ; Georges Hédin interpréta le rôle de Guillaume le Conquérant ; Bernard Latour celui du roi Harold ; Marcel Montet celui de l'archevêque Lanfranc et Jean Danet celui du pape Léon IX. L’ensemble du spectacle mobilisa quelques 500 personnes et une douzaine de chevaux.

Le texte de ce conte historique, d’environ 80 pages, se découpait en trois parties principales. La première était consacrée à la période épiscopale du seigneur de Montbray, la seconde à la période guerrière du compagnon de Guillaume le Conquérant, et la troisième, sorte d’épilogue, au retour et à la mort de l’évêque en sa bonne ville de Coutances.

On peut faire le reproche à la Geste de proposer une vision assez hagiographique de l’évêque dans la mesure où elle cache certains détails historiques. Ainsi, la mutilation des prisonniers lors de la révolte de 1069 en Angleterre est passée sous silence, de même que la participation du héros du spectacle à la révolte successorale de 1088 et notamment à  ses raids meurtriers. Mais l’approche retenue par Paul Blanchart correspondait aux attentes d’un peuple meurtri et avide de renouer avec l’énergie du bâtisseur de sa cité.

 

 




Spectacle dansé de Christiane Léger

en l’honneur de Geoffroy de Montbray.

 

Ce spectacle fut donné du 10 au 11 juin 1993 à l’occasion du neuvième centenaire de la mort de Geoffroy de Montbray. Il s’agissait d’un spectacle chorégraphique « son et lumière » donné non pas sur le parvis comme en 1950 mais dans l'intimité de la cathédrale. Sous la direction de Christiane Léger qui conçut le scénario de cette fresque historique, un danseur professionnel, Tommy Francis, incarna un Geoffroy de Montbray dansant.
Au milieu des lasers, des fumigènes et d’une musique inspirée de Vangelis, Haendel et Loussier, le danseur et sa troupe firent revivre les grandes étapes de l’aventure de l’évêque médiéval. Dans le bas-côté de la cathédrale, un chœur d’une centaine de personnes et un orchestre accompagnaient ce dispositif tandis que des ateliers médiévaux installés dans les chapelles de l’autre bas-côté redonnaient vie aux métiers et techniques du XIème siècle.

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